Coronavirus et TIC: les fruits ont-ils tenu la promesse des fleurs ?
Jamais en ce début du XXIe siècle, le règne humain ne fut à ce point bousculé dans ses préjugés, dans ses certitudes, dans ses rapports avec l’autre ! Petits et grands de ce monde, places fortes du néolibéralisme triomphant, économies dites riches, certitudes scientifiques, rien n’a échappé à la furie de l’infiniment petit virus de la couronne ou coronavirus.
Et s’il y a un secteur qui était particulièrement attendu, c’est bien celui des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Avec les webinaires, les visioconférences, le télétravail, la sensibilisation, l’e-commerce, ces dernières ont répondu présent et ont été aux premières loges de la lutte contre la pandémie au coronavirus.
Et s’il est un secteur dans lequel les NTIC se sont particulièrement illustrées, c’est le travail en entreprise, avec tout ce que cela comporte de changements de paradigmes en ces temps de pandémie. Ramener le bureau à la maison avec tout ce qui est système de vidéo-conférence, suivre les cours chez soi, faire ses courses en restant chez soi, s’informer sur la maladie depuis son lit avec son smartphone, voilà le travail !
Pour une fois, le continent africain n’a pas été largué dans la course aux solutions numériques. De Dakar au Cap, les innovations ont fleuri, toutes plus intéressantes les unes que les autres : au Maroc, les 30 acteurs du 3DPrintingCluster mettent à disposition de l'ensemble des services sanitaires, leurs imprimantes 3D et leur ingéniosité pour réaliser tout outil (masques, ventilateurs, valves) susceptible d'aider le corps médico-sanitaire. Les premiers prototypes de masques de protection ont été mis au point ; au Sénégal, l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar a développé le robot Dr. Car qui peut se déplacer dans les chambres des patients pour prendre la température, livrer médicaments et alimentation... ; En Côte d’ivoire, 3 entreprises de tech réunis au sein de la fondation «Saved By Tech», ont mis au point trois prototypes de drones avec un premier prototype, équipé d’un mégaphone, d’une vision infrarouge et d’un projecteur de lumière, destiné à la sensibilisation des populations dans les espaces publics avec la diffusion, en français ou en langues locales, de messages préenregistrés ou en direct.
Le deuxième, avec sa caméra thermique embarquée, est capable de faire des prises de température aériennes en temps réel. Le dernier est équipé en vue de transporter une vingtaine de litres de solution liquide pour pulvériser et désinfecter une zone de plus de sept hectares en une journée. Que dire de toute ces campagnes de sensibilisation sur les gestes barrières à travers les applications comme Alerte Santé, et à travers le social média à l’instar des actions menées par la Ligue Africaine des Blogueurs en Santé.
Bref, jamais le concept cyber santé n’a si bien porté son nom. Et à l’heure du déconfinement, l’application Stop Covid créée à l’instigation des autorités françaises se propose de faire le job à son lancement le 2 juin, pour « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission". "L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner" selon le secrétaire d’Etat français au Numérique, Cédric O.
Ce, après avoir décliné la proposition conjointe des géants Google et Apple d’une application de même type, parce que posant un certain nombre de problèmes en termes de de protection de la vie privée et en termes de d’interconnexion avec le système de santé, toujours selon M. Cédric O.
Bien entendu, traçage numérique et protection des données privées ne faisant pas forcément bon ménage, il a fallu requérir l’agrément de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) pour son feu vert le 26 mai 2020. C’est bon à savoir !